Les tribulations de Solar Car Solutions à la Solar Cup de Chartres 2014

Un grand merci à Baptiste pour la narration de cette épopée!!!

Nous nous retrouvons au camping de Chartres sous un grand soleil, Christophe est en pleine sieste tactique. Il faut dire qu'il vient de traverser la France...

Nous plantons rapidement nos tentes, et profitons du calme du coin. 

Nous visitons ensuite la ville, en plein préparatif d'une fête, après renseignement il s'agit de la fête de l'eau, nous croisons diverses animations un peu partout dans la ville, l'ambiance est sympathique.

Montée à la cathédrale et son belvédère qui avec sa vue plongeante a dû voir germer quelques plans de domination mondiale.

En parlant de domination mondiale, c'est l'heure de l'apéro en terrasse et du point sur la préparation logistique, tous les éléments ne fonctionnent pas encore, il va falloir gérer l'énergie au talent...

La pluie vient interrompre ces considérations, pour une fête de l'eau, on est tout de suite dans le bain.

1ere journée, essais libres

Le lendemain nous faisons l'ouverture avec l'organisation qui nous accueille chaleureusement, les professeurs et les élèves qui participent font fonctionner l'affaire avec une coordination  de métronome. 

A peine la remorque ouverte, les curieux affluent, il faut dire qu'Ylona 2 a fière allure dans son petit cocon.

C'est l'occasion de faire connaissance avec Simon, notre second pilote recruté sur place par l'organisateur (merci, merci, merci !) Et c'est l'occasion des premiers complexes : 1m70 pour moins de 50 kilos ... mesdemoiselles abandonnez la salade, rien ne vaut un régime Mc Do !!

Cependant les échanges sur l'efficacité du burger sont de courte durée : Ylona 2 est un prototype conçue pour l'endurance, aujourd'hui il est question de vitesse, et pour cela, il faut monter le panneau solaire supplémentaire. 

C'est l'occasion de la grosse frayeur de la journée : une fois le panneau solaire monté, il est impossible de replacer la coque de protection arrière qui couvre le moteur et toutes les boites de commandes... Christophe taille dans le vif à la ponceuse électrique pour pouvoir résoudre le problème....

Mais les pépins mécaniques s'accumulent : le compresseur permettant de gonfler les pneus ne démarre pas, la radio ne fonctionne pas, plusieurs chargeurs rendent l'âme... 

A côté nos concurrents se préparent pour les essais, on sent la tension sur les visages des nouveaux pilotes, à l'inverse on reconnaît les vieux routards des circuits : la famille bourgeois, les universitaires d'Ethelbruck, les élèves de L'IUT de Chartres 

Ces péripéties nous permettent de briefer Simon sur les différents éléments de la voiture, mais surtout l'échange de pilotes : sur des tours de 3-4 minutes, un échange de pilote peut prendre jusqu'à 1 minute... nous prévoyons initialement 3 relais pour chacune des 3 manches, soit l'équivalent de 2 tours de circuit...

Après 2 ou 3 essais, nous arrivons à retrouver notre temps de 30 secondes, c'est 1 tour de gagné sans consommer d'énergie. 

Nous voilà fin prêt pour les essais, les premiers concurrents tournent déjà sur la piste. 

Le but des essais est simple : prendre la mesure de la voiture et du circuit, en effets ces prototypes sont capricieux et nécessitent quelques réglages par mesure de sécurité... 

Mais la famille Ylona se comporte bien et permet de se concentrer sur le circuit : il est simple, il s'agit d'un grand carré agrémenté d'une descente pendant laquelle on devra négocier un virage à angle droit et un rond point pris en sens inverse (c'est une course, on a le droit !) vient ensuite un dernier virage à angle droit puis la lente montée qui nous ramène à la ligne de départ.

Les premiers tours à vitesse économique permettent d'envisager une course reposante. 

Après avoir pris le volant Simon fait ses premiers tours de roue et effectue des temps déjà prometteurs ... 

L'organisation ajuste les consignes de course pour optimiser les dépassements, les consignes sont aussitôt retransmises à tous les pilotes : cette année toutes les équipes disposent d'une radio ... ou d'un téléphone... cela garanti une coordination impeccable...

La course s'annonce bien ... 

Après quelques tours, Simon me remet le volant, c'est l'occasion de tester un peu de conduite sportive et d'aller chercher les limites de la voitures... il y a 2 ans on pouvait entendre les raclements des pneus lors de virages serrés à grande vitesse... il s'agit de ne pas refaire la même erreur....

La voiture réagit bien, les trajectoires du circuit permettent de prendre de la vitesse sans risques, la sortie du premier virage à 90° peut se faire à 36-37km/H permettant d'atteindre 38 et de chatouiller la barre des 40Km/H. 

Ylona 2 ne peut pas aller beaucoup plus vite et atteindre cette vitesse si rapidement avec la simple force de mon poids est impressionnant (non je ne suis pas gros !) 

Ces quelques tours de vitesses permettent de poser les limites de trajectoires ... il n'y en a quasiment aucune ... c'est un rêve de pilote... la stratégie "GAZ" pourra être employée en cas de besoin

Mais la pluie vient interrompre la séance et sonner le début de la pause déjeuner. 

14H l'heure du départ de la première manche, le soleil est revenu. Un rapide briefing de sécurité et les pilotes se mettent en place. 

Nous décidons d'envoyer  Simon en premier, son faible poids lui permettra de prendre l'avantage dans la montée en fin de circuit, à l'inverse, il n'aura pas besoin de prendre de vitesse dans la descente de début de circuit qui sera bouchonnée par le départ. 

Les voitures s’alignent sur la piste, un concert de klaxons salue le début de cette première édition, et le drapeau à damier est abaissé, c'est le départ.

1ere demi-journée de course                                       

Les premiers tours se fond à vitesse réduite, les différents concurrents se jaugent et cherchent à s'extraire du trafic.  Au bout de 3 tours les catégories se distinguent déjà: les plus, les vélos électriques s'éloignent du groupe, suivi par les prototypes électriques plus lourds et propulsés par leur seul moteur électrique. 

Partit dans les derniers, Simon parvient à se hisser dans les 5 premiers de notre catégorie, à l’affût d'une opportunité.

Le ciel commence à se couvrir et les relevés de tension batterie commencent à être préoccupants, le quart de la tension est tombé, alors que l'on roulait au soleil. Maintenant que le soleil se couvre, il va falloir gérer l'énergie. 

Nous décidons de laisser Simon finir son relais normalement et d’enchaîner sur un relais plus économe. Simon revient aux stands et nous procédons à l'échange de pilote dans un temps très honorable. 

Notre décision de rentrer légèrement plus tôt nous évite les embouteillages et nous fait gagner de précieuses secondes. 

Ce 2eme relais est placé sous le signe de l'économie d'énergie: une courte impulsion depuis la ligne de départ jusqu'à la descente, puis la moitié du circuit en roue libre simplement entraîné par le poids du pilote (non je ne suis pas gros, juste un peu enveloppé !)

C'est dans la monté que les choses se compliquent: les kilos qui sont descendus doivent bien remonter, et là où la descente se faisait à 30km/H, la monté se fait à 15-20Km/H... cela laisse le temps d'admirer le paysage et saluer les commissaires de course qui nous gratifient de danses rituelles.

Il devait s'agir de danses de la pluie car les premières averses font leur apparition. Tout le monde se montre plus prudent, mais notre "titine" a une très bonne tenue de route et permet de tenir une moyenne équivalente. De plus, le poste de pilotage fermé permet de rester au sec et de rester concentré sur la course, tout en compatissant avec les cyclistes et autres pilotes de prototypes transformés en baignoires roulantes. 

A la radio Christophe s'inquiète des temps au tour qui deviennent mauvais : il faut mettre plus d'énergie lors de la remontée de la côte. Les 3 derniers tours permettront de relever la barre. Un nouvel échange de pilote nous permet de faire un point sur la consommation : nous sommes à l'équilibre ! Malgré le temps maussade, nous avons produits autant d'énergie que nous en avons consommée 

Le 3eme relais est marqué par d'importants orages durant lesquels la visibilité baisse énormément obligeant les concurrents à rouler au pas. Le contrecoup du poste de pilotage fermé apparaît sous forme de buée... C'est un véritable baptême pour Ylona qui découvre la pluie pour la première fois.

Ce relais s'effectue uniquement grâce à la batterie, les relevés sont encourageant, nous pouvons finir la manche sans avoir besoin de l'apport des panneaux solaires.

Simon n'aura pas l'occasion d'en profiter, embourbé dans les embouteillages causés par le déluge qui tombe.

Le dernier échange de pilote nous permet d'embarquer le kit de désembuage : un rouleau de sopalin. Cela permet d'assurer une bonne visibilité, gage de vitesse et de temps au tour amélioré. Ce dernier relais est lui aussi marqué par des averses cataclysmiques réduisant la visibilité à 10 mètres.

De plus, même si l'eau n'embarque pas, les pneumatiques lisses, optimisés pour le goudron torride d’Espagne, sont littéralement noyées et ne peuvent fournir une adhérence optimale.

2eme jour

La nuit a porté conseil et la nouvelle  stratégie a été affinée avec soin : on bourre !!!. Le trop plein d'énergie de la veille est là pour nous rappeler que la "titine" est efficace et que l'on peut lui faire cracher les watts

Nous nous alignons sur la ligne de départ et c'est le signal du départ : gaaaa....euh a'pu' gaz ? 

Le courant est branché, mais le moteur ne répond plus ...

Retour au stand, démontage du capot arrière... c'est la carte de régulation qui n'a pas appréciée l'humidité d'hier. 

Christophe sort la carte de rechange (une carte de régulation c'est comme un slip, il faut toujours en avoir de rechange). 

Rapide essai moteur, cela fonctionne.

Remontage du capot et adaptation de la stratégie : il fallait bourrer, maintenant, il faut bourrer encore plus.

Et c'est parti

La voiture réagit bien et le soleil est présent, la voiture ne consomme presque rien ce qui permet de ne pas relâcher le pied de l'accélérateur. 

Les concurrents tournent au ralenti, permettant quelques dépassements ... peu réglementaires ... mais dans le respect de la sécurité (toujours klaxonner avant de dépasser par l’extérieur dans une épingle à cheveux)

Mais après plusieurs tours en passant à pleine vitesse devant les paddocks, et avec la chaleur du soleil faisant sécher la piste, les concurrents se ressaisissent et le rythme s’accélère.

Il est déjà temps de changer de pilote et [...] va prendre le relais. 

Nous n'avons qu'une demi-douzaine de tours de retard [...] Il va falloir faire parler la poudre dans la grande montée. 

De plus, les 15mn de retard que nous avons pris au démarrage nous permettent de boucler les 45 mn de course avec seulement 2 échanges de pilotes économisant un arrêt de 2mn, soit une moitié de tour. 

L'heure de la pause déjeuner arrive et le soleil est toujours là, les panneaux pourront se recharger pour nous permettre d'appliquer la même stratégie. 

Les voitures sont mises en parc fermé et les équipes viennent inspecter les véhicules. 

Christophe relève les compteurs : il s'avère que nous avons encore la moitié de la batterie devant nous. 

Même à plein régime, la voiture n'arrive pas à consommer toute l'énergie produite. 

Elle est en effet conçue pour des courses plus longues de 3-4  heure et n'est pas dimensionnée pour des durées si courtes assimilées à de la course de vitesse. 

Les résultats intermédiaires tombent, nous sommes 2ème de cette manche et 2ème de notre catégorie sur l'ensemble de la course. 

Nos concurrents se sont neutralisés et notre relative régularité nous a permis de nous maintenir en embuscade. 

Nous sommes à 5 tours du leader et 3 tours du 1er. Nous pouvons espérer profiter d'une faiblesse. 

Mais remonter 5 tours de retard en 1H20 de course (soit 30 tours environ) serait un bel exploit. 

Quelques averses viennent troubler le rechargement nous obligeant à bâcher la voiture pour protéger l’électronique. 

Mais nous sommes déjà rechargés au bout de 30mn de pause. 

Les 2 heures restantes sont consacrées ... à la sieste, en effet, nous avons de la route, notamment Christophe qui doit retourner dans le Sud dès la fin de la course. 

En parallèle, nous déchargeons les vidéos prisent au cours de cette manche. 

3ème demi-journée : 

L'heure du départ arrive, un petit essai moteur pour s'assurer que tout est en ordre et Ylona rejoint ses congénères sur la grille de départ. L'ambiance est festive, cette dernière manche est attendue par tous, après 2 manches relativement humides qui ont mise à rude épreuve les pilotes et les véhicules, la perspective d'une manche sous un tel soleil est revigorante.

De plus, les 4 premiers de la catégorie prototype se tiennent en 10 tours, La moindre panne ou erreur de stratégie peut être fatale. Même si l'avance des leaders est confortable, rien n'est impossible. 

Un dernier concert de klaxons et c'est le départ. Plus de finesse, tous les concurrents ont la même stratégie : pleins gazs !!!

Ylona parvient à grignoter quelques secondes au tour, mais ce sera insuffisant pour rattraper un tel écart. Au premier relais, nous sommes en 2ème position de la catégorie. Nos concurrents directs s'annulent. 

Ce sera mon dernier relais de la course, il faut qu'il soit épique, la GO Pro doit pouvoir ramener de belles images. Les dépassements plus ou moins réglementaires s’enchaînent, les virages à la corde s'allongent, provoquant le recul de certains spectateurs.

Le vélo couché nous rejoint et nous enregistrons plusieurs séquences de dépassement, beau joueur [Nom du jeune] me laisse le dépasser pour la vidéo. Il repart ensuite de l'avant me laissant littéralement sur place (de mémoire leur vitesse de pointe a été de 80 Km/H ce weekend)

Les tours s’enchaînent avec frénésie, chacun attendant l'erreur, jusqu'au dépassement du deuxième concurrent qui a étrangement ralenti, son pilote semble aux abois et une de ses roues tourne bizarrement... 

Pas le temps de creuser ce mystère, il est déjà temps de rentrer pour le dernier relais. 

Nous avons un coup à jouer, le soleil se couvre, augmentant la tension. Nous sommes dans la dernière demi-heure et Simon reprend le volant, motivé pour aller chercher cette deuxième place qui nous tend les bras.

Les relevés de consommation sont rassurants, Simon pourra conserver le pied sur l'accélérateur tout au long de son relais. 

Nous avons la confirmation de l'avarie de notre concurrent quand ce dernier rentre au stand : le regard paniqué du pilote dit tout. Ses équipiers procèdent à une maintenance percussive (à coup de marteau) et refond partir le véhicule au ralenti pour son premier tour. 

Simon parviendra à le doubler une dernière fois, avant que son pilote ne tente le tout pour le tout et ne relance le véhicule à sa vitesse maximale. 

La vision de cette voiture solaire, à la roue voilée, poussée à son maximum par son pilote force le respect. 

Les 3 derniers tours arrivent et un orage dantesque vient marquer la fin de course, le trafic est de nouveau fortement ralenti et les derniers tours se font au courage. Tout le staff s'est réfugié sous les bâches quand Simon émerge dans la dernière ligne droite. 

Mais il s'immobilisera à moins de 100 mètres de la ligne d'arrivée, victime de la noyade de notre 2eme carte de régulation. Nous courons jusqu'à Simon pour le pousser, avec l'aide des commissaires jusqu’aux stands. 

 

Conclusion                                           

Nous sommes trempés, exténués, mais nous avons fini 2eme d'une course solaire particulièrement épique. 

Le circuit est intéressant, l’accueil chaleureux, l'organisation impeccable, ce sera un plaisir de revenir l'année prochaine ! 

 

Classement officiel              

 

Nos performances

1er RUN :

Durée :                               2 heures

Distance parcourue :           48 km

Moyenne horaire :               24 km/h

Consommation :                  1218 KJ (7.6 Ah)

Production :                        282 KJ

Consommation moyenne :    169 W

2ème  RUN :

Durée :               1h30 ( - 15 mn de réparation au stand)

Distance parcourue :             33.6 km

Moyenne horaire :                 26.9 km/h

Consommation :                   1030 KJ (6.5 Ah)

Production :                          554 KJ

Consommation moyenne :     228 W

3ème RUN :

Durée :                                  1 h 30

Distance parcourue :              46.4 km

Moyenne horaire :                  31 km/h

Consommation :                    1425KJ (9.1 Ah)

Production :                          597 KJ

Consommation moyenne :     264W

Course complète :

Durée :                                  5 heures

Distance parcourue :              128 km

Moyenne horaire :                  26 km/h

Consommation :                     3673 KJ (23.2 Ah)

Production :                           1433 KJ (9.1 Ah)

Consommation moyenne :       204W

 

 

Le séjour en détail par Baptiste

Vendredi. 

Cette année encore l’arrivée se fait Vendredi, dans l’après-midi. Mais cette fois-ci, plus de camping, les 2 jours sous la flotte façon Woodstock n’ont pas laissé de souvenirs impérissables. L’organisation a prévu le coup et nous a proposé de louer des chambres de cité U, une offre pareille, ça ne se refuse pas !

A peine le temps de commencer la sieste que le maître des clefs arrive et fait le tour du propriétaire : c’est spacieux et fonctionnel, ça fera parfaitement l’affaire. (notez comment je vends bien la chambre de cité U). 
Pendant ce temps les collègues sont à l’autre bout de la France en train de commencer leur road trip (la course avant la course). 
En attendant les 7 Heures de l’odyssée épique, la sieste s’impose, et dès le réveil je suis bombardé de SMS égrenant le décompte des 50 derniers kilomètres…
Nous nous retrouvons enfin, et partons directement pour le centre-ville et ses restaurants sympathiques : après un an il y a pas mal d’anecdotes à raconter autour d’une bonne assiette. 
C’est aussi l’occasion de retrouver la Cathédrale qui n’a pas bougé … et c’est vrai que son éclairage est sacrément impressionnant… d’autant plus qu’il ne pleut pas cette année. 


Et en parlant de pluie, le dernier point météo indique que le seul souci sera d’éviter les coups de soleil. Dans ces conditions, la stratégie de course est toute trouvée : une brique sur l’accélérateur et en avant !

 

Samedi

Nous arrivons en avance pour pouvoir remonter la voiture. Nous retrouvons l’organisation sous un soleil prometteur. Cela s’annonce comme un beau week-end : les concurrents sont nombreux, la logistique a été renforcée et la météo s’annonce parfaite pour une séance de bronzage … le seul souci c’est que nous sommes là pour une course parait-il.
Passées les retrouvailles, nous retournons à nos préparatifs : il nous reste 2 Heures avant le début des essais. Tout s’emboîte parfaitement contrairement à l’année dernière où Christophe nous avait charmés par ses talents de tourneur fraiseur. 
La nouvelle carte électronique est, elle aussi, ajoutée sans soucis : elle nous permettra de mesurer la consommation électrique en temps réel et avoir un statut de la batterie tout au long de la course. 

C’est au moment des essais radio que cela se corse : un des fils est sectionné … quelque part dans la voiture … C’est l’heure de jouer au dépanneur. C’est d’abord les prises jack des casques que Lucas ressoude, sans amélioration notable. Puis c’est la boite de jonction qui est démontée et ressoudée avec talent… mais toujours sans succès… décidément on va devoir ressouder toutes les connectiques ou bieng ? 
Il ne reste plus qu’une possibilité : le volant, et c’est Lucas, en contorsionniste expert, à genoux, plié en 4, la tête en bas, qui nous fera la plus belle soudure du week-end, celle qui résoudra notre problème. 
Il était temps, des 2 Heures initiales, il ne nous reste plus que 15 Minutes, à peine le temps de faire le strip-tease pour enfiler nos combinaisons et finaliser les derniers préparatifs. 

Et nous voici partis pour les premiers tours d’essais. 
Le circuit n’a pas changé et la voiture répond toujours aussi bien.
Les temps au tour sont bien meilleurs que ceux de l’année dernière, la campagne d’optimisation voiture a permis de gagner 5 Kg ce qui ramène sa masse à 94Kg… la campagne d’optimisation pilote a elle aussi permis de gagner 5Kg (rassurez-vous, le coach nous a bien traité, on avait le droit à 2 yaourts par jour).
Les essais continuent sous un soleil de plus en plus puissant : le ratio de consommation est de 2/3 produit pour 1/3 prélevé sur la batterie, et cela en utilisant la technique dite de « la brique sur l’accélérateur ».
Nos concurrents principaux, ceux de « la 11 » rentrent aux stands bien avant la fin des essais, signe d’une grande confiance dans leur machine. 

Les cyclistes aussi s’économisent, appréhendant l’après-midi qui s’annonce longue : il faudra tenir 2H30 sous un soleil de plomb sans un poil d’ombre. 
La fin des essais arrive et nous affinons notre stratégie : on ne touche pas non plus à la pédale de frein, ça passe à fond partout !
A peine le temps de faire une sieste que la première manche arrive. Il est 14H, le soleil est écrasant les concurrents s’alignent sur la grille de départ : d’abord les vélos solaires, puis les prototypes. 
A bord d’Ylona, c’est le Sauna, en plein soleil, il doit bien faire 40°C, à l’intérieur, c’est plutôt 50°C … et dire que certains paient pour se faire suer…
Le départ est donné et les véhicules s’élancent dans un concert de klaxons. Dès le premier virage le ton est donné, les cyclistes peinent à prendre de la vitesse dans la longue montée, tandis que les prototypes gravissent la pente à 35km/H. 
Il y a quand même quelque chose de sadique à saluer par un petit signe de main le cycliste cramoisi que l’on double sans effort. 
Les premiers tours s’enchaînent rapidement : 2minutes et 40 secondes pour parcourir les 1,6Km de la boucle… nos concurrents nous mettent déjà de 10 à 20 secondes par tour, ils roulent à 40km/h de moyenne … cela nous laisse peu d’espoir, mais il reste encore 7H de course et tout peut arriver. 
Déjà les premiers relais arrivent, les cyclistes n’ont fait que 5 tours qu’ils échangent déjà… ça pour un beau week-end ensoleillé, on ne s’est pas foutu de notre gueule…. L’heure de notre changement arrive, un petit cafouillage plus tard, Lucas est reparti à toute berzingue et je peux savourer l’air frais … rendez-vous compte seulement 40°C … on est tellement bien … avec un petit cocktail, et un chapeau de paille, posé dans l’herbe ce serait le paradis … mais il parait qu’on a une course à faire … d’ailleurs, la situation s’aggrave, nous accumulons les tours de retard et les bouchons formés par les véhicules concurrents n’arrangent pas les choses… 

les relais s’enchaînent, il n’y a pas de pneus à changer, ni de plein à refaire, simplement un pilote desséché à remplacer. La voiture roule bien, et le ratio est toujours de 2/3 d'énergie produite pour 1/3 prélevée sur la batterie … nous ne pouvons pas aller plus vite. 

La fin de la première manche se termine par un net avantage de nos concurrents de la voiture 11 qui nous mettent 4 tours dans la vue. 
Pas le temps de s’appesantir, il faut commencer à recharger les batteries le plus vite possible. 
Le rechargement solaire est conseillé, mais vu l’exiguïté des stands, il est très compliqué de se faire une place au soleil, nous préférons mettre la voiture à l’ombre et recharger à la borne pour éviter une mauvaise manipulation. 
Cela nous permet de faire visiter la titine aux pitchounes qui passent, c’est aussi ça les public relations : tu fais monter un minot à bord, ses parents font la photo et c’est toute la famille qui sera là l’année prochaine ! (D’ailleurs ça vaudrait le coup de réfléchir à une façon d’étendre cette plage de visite qui nous permet de papoter avec le public et les différents collègues). 
Il est 18H et cette première journée s’achève sur un bon bilan : La voiture tourne bien, nous sommes deuxièmes du classement général avec 53 tours parcourus, soit une moyenne de 33,92 km/H. Le tout sans la moindre panne et avec un excellent bilan énergétique. 
L’heure du repos est arrivée, et nous nous retrouvons dans un sympathique restaurant pour décompresser, il n’y a plus vraiment grand-chose à optimiser : en accélérant en continu et en ne freinant jamais… 
Il est temps de se préparer pour demain, ce sera le jour le plus long. 

 

Dimanche

Panne d’oreiller… ça commence mal, il faut tout ranger, faire le plein du camion et rejoindre le circuit avant de ne plus pouvoir atteindre le parking. Il faut croire que nos camarades ne sont pas plus matinaux… seuls les organisateurs sont déjà là, fidèles au poste. 
C’est l’occasion de prendre des nouvelles, rendre les clefs, et de se renseigner sur le déroulement de la journée. 
La course fait la une de l’édition du journal local, et les officiels seront là pour le départ. Il va falloir passer un petit coup de polish sur le pare-brise, il s’agit d’être photogénique.
Et le départ de cette deuxième journée est lancé, c’est encore une fois les cyclistes qui s’élancent les premiers, mais cette fois la montée se fait plus poussive : à 10H le soleil ne donne pas autant et un léger vent de face a fait son apparition. L’inquiétude s’accroît quand les paramètres de batterie commencent à chuter drastiquement après seulement quelques tours. Le vent n’explique pas tout et dès le deuxième relais, Lucas passe sur la stratégie de secours : au lieu d’accélérer en continu, il se contente d’atteindre la vitesse d’équilibre et de maintenir cette vitesse. Surprise, les temps s’améliorent : la batterie, moins sollicitée peut alors délivrer de plus fortes accélérations ce qui permet de revenir à la vitesse d’équilibre plus rapidement. 
Plusieurs tours se passent sur ce rythme étrange et nos concurrents prennent le large.
C’est alors que « la Ferrari » fait parler la poudre, cette voiture inscrite à la dernière minute est hors catégorie de par son puissant moteur et sa batterie à grande capacité. En rodage jusque-là, ses pilotes décident de lâcher la bride à leur engin qui s’élance à des vitesses frôlant les 50km/H (rigolez, mais pour des cyclistes qui se traînent à 20km/ H ça doit faire un choc !). 
Pendant ce temps notre situation s’améliore : la tension batterie remonte lentement, signe que le panneau solaire donne plus et soulage la batterie. 
Le rythme s’accélère alors pour tous les concurrents, les copaings de la famille bourgeois sortent eux aussi du mode économique et tout le monde profite … simplement : finis les préparatifs, le stress des bricolages de dernière minute : tout le monde roule et profite de cette journée parfaite, on est dans le cœur du sujet : des p’tits jeunes dans des espèces de caisses à savon électrique roulent sous l’œil bienveillant des bénévoles… enfin voilà c’est cool quoi ! 

 

L’heure de la bouf… heu de la pause arrive. Les voitures sont placées en parc fermé sur le rond-point. Elles devront recharger les batteries à l’aide de leurs seuls panneaux solaires. 
Nous sommes la seule équipe à couvrir une partie de nos panneaux : nos concurrents pourraient prendre ça pour de l’esbroufe, mais la raison est plus prosaïque : une trop grande tension lors du rechargement imposerait une trop forte contrainte sur la batterie et ne permettrait pas de la recharger efficacement (c’est un peu comme pour remplir un sceau d’eau, il ne faut pas y aller trop fort sinon ça mousse, on en fout la moitié à côté et le sceau est à moitié vide à la fin de l’opération).
En attendant que la batterie charge, nous commençons à ranger les outils non indispensables : il s’agit d’être prêt à partir le plus tôt possible, il y aura 7H de route pour ramener Ylona à la maison, et les collègues de l’équipe embauchent à 7H du matin le lendemain. Il s’agit de ne pas perdre de temps. 
Une fois les aspects logistiques réglés, il ne nous reste plus qu’à prendre la température au niveau de la batterie…. Elle s’approche doucement de la pleine charge. Cela annonce une dernière manche épique. 
Il est l’heure de s’aligner sur la grille, et cette fois ce sont les prototypes qui s’alignent en tête de la grille de départ. : Nous sommes deuxièmes, entre les voitures 11 et 13 représentant toutes deux le lycée Jehan de Beauce de Chartres. On sent que les collègues de la 13 ont faim. 

La 11 a quant à elle plusieurs tours d’avance sur nous et il n’y a plus d’espoir de les rattraper, il s’agit maintenant de se faire plaisir et de ramener Ylona en un seul morceau. 

La ligne est bien remplie et on peut lire la concentration sur les visages :

Le départ est lancé et dans un dernier concert de klaxons les voitures s’élancent (non la voiture électrique n’est plus silencieuse dès lors que vous la dotez d’un klaxon et placez un fada à son volant !) 

 


Les temps sont bons et « la Ferrari » s’envole en quête du record du tour. Tout le monde profite, la voiture roule bien et un petit vent frais s’est levé pour nous rafraîchir. 
C’est le moment pour faire quelques photos et vidéos. Les premiers changements de cyclistes arrivent : on peut lire la fatigue sur leurs visages cramoisis, mais ils ne lâchent rien et la bataille a l’air épique pour la première place de leur catégorie.


De notre côté nous conservons notre deuxième place et nous allons certainement encore prendre un tour de retard sur les premiers à l’occasion du prochain arrêt aux stands. 
Et cet arrêt il arrive, Lucas déboule à fond dans le virage et sort bien à 40km/h en frôlant les bottes de pailles. Il commence à freiner seulement 30 mètres avant l’entrée aux stands, nous l’immobilisons avec Christophe, ouvrons la portière, et le voilà qui jaillit comme un diable de l’habitacle. A mon tour, d’abord on rentre le pied droit sous le volant pour éviter de s’accrocher le genou, ensuite il ne reste plus qu’à laisser revenir le reste du corps dans l’habitacle… pour tout de suite se tourner de côté pour brancher le cordon radio en dessous de l’aisselle droite. Rien ne sert de se précipiter, un faux mouvement et c’est le torticolis assuré. Pendant ce temps les collègues commencent à boucler la ceinture, et c’est la fermeture de la portière, puis le retrait du frein à main et l’accélération … l’opération ne doit pas durer plus de 60 secondes… c’est seulement une fois le premier virage passé que l’on peut prendre le temps de se rendre compte de la chaleur qui règne dans l’habitacle… on doit friser les 50°C… à cette température tout parait plus calme, on respire plus lentement, la bordure défile au ralenti et les gestes sont plus souples… Pour un peu on se laisserait gagner par la torpeur… Heureusement qu’il y a le klaxon pour se réveiller. C’est en doublant les cyclistes en leur broyant les tympans que l’on se rend compte de ce qu’ils vivent : en plein soleil depuis 2 jours, avec un léger vent de face bien fourbe … on repère tout de suite les vélos les plus lourds, plus le vélo est lourd, plus son cycliste tire la langue. Certains sont tout de même chanceux, ils pilotent des vélos couchés avec des panneaux solaires sur le toit pour s’abriter du soleil… En parlant de soleil, une équipe a dans ses rangs 2 pilotes qui n’ont pas l’air d’y craindre : en bikini pendant 2 jours sous ce cagnard, ça impose le respect !

Les tours s’enchaînent et l’heure de sortir l’appareil photo a sonné… quoi de mieux pour faire partager l’ambiance de la course qu’une petite vidéo depuis la place du pilote ? Il fait sombre, tout tremble et le moteur tournant à plein régime fait penser à celui … d’une petite voiture électrique… plutôt logique en fait… 
Les dépassements suivants sont plutôt épiques : conduire d’une main, cadrer de l’autre, et utiliser la troisième main pour faire signe aux collègues afin qu’ils fassent coucou à la caméra… certains n’ont pas dû comprendre mes gesticulations et mes zigzags … mais le résultat est là, on arrive avec ces petites vidéos à retrouver l’ambiance bonne enfant qui a prévalu sur la piste pendant ce week-end. 


Et ce week-end, il arrive à sa fin, c’est le moment de rendre le volant à Lucas pour son dernier relais qui ne sera pas des plus tranquilles, en effet les voitures 11 et 13 ont décidé de vider leurs batteries et nous les voyons changer complètement de rythme. Les cyclistes s’y mettent aussi, lâchant tout ce qu’il leur reste dans les mollets. On sent que des masseuses (ou masseurs, c’est selon les goûts de chacun) seraient grandement appréciés l’année prochaine ; 
La course est maintenant endiablée, les concurrents passent à intervalles rapprochés et notre Ylona peine à suivre le rythme. Mais Lucas parvient à battre notre modeste record du tour , ce sera aux alentours de 2 minutes 40, un temps bien respectable par rapport à notre 3 minutes 20 de l’année dernière. 
Lucas rase maintenant les bordures pour plus d’effets, cela rend mieux sur les photos. 

Et c’est l’heure du dernier relais, il ne reste qu’une demi-douzaine de tours à boucler. Sur la piste l’ambiance est festive, les plus compétitifs se tirent toujours la bourre à la recherche du record du tour. D’autres sont plus détendus, comme les copaings de la famille Bourgeois avec qui on fera quelques belles séquences. 
Les commissaires de piste commencent à s’agiter et semblent impatients de brandir leur drapeau. Mais c’est la surprise, la course est déjà terminée et tout le monde est stoppé derrière la ligne d’arrivée… un poil dangereux quand on est bloqué derrière un concurrent et qu’on le klaxonne pour qu’il se range (parisieng, parisieng !). 
Les voitures sont parquées pour pouvoir défiler devant le public. 

Le premier réflexe est de couper le panneau solaire et toute l’électrique de la voiture pour éviter une surchauffe : le soleil tape toujours dure et ce serait dommage de brûler quelque chose si proche du but. 
Tous les pilotes soufflent, sauf deux, les deux pilotes coincés dans leurs voitures fermées. Le pilote de « la Ferrari » et moi ouvrons nos portières simultanément, nos regards se croisent, il a l’air heureux d’avoir terminé : il est en combinaison noire dans un habitat plus exigu que celui d’Ylona, il a bien du perdre 2 Kg dans son petit sauna sur roulette. 
C’est l’heure des félicitations, tout le monde se congratule tandis que nous cuisons à feu doux dans nos habitacles. Le patriarche de la famille Bourgeois fait le tour de tous les concurrents pour les féliciter, c’est décidément l’équipe la plus cool qui représente le mieux les valeurs de ces petites courses solaires. 
Vient ensuite le moment du défilé, les concurrents se représentent une dernière fois au micro et passent ensuite la ligne au petit pas dans un concert de klaxons et d’applaudissements … il est temps de rallumer l’électrique … et de se faire une petite frayeur … le moteur ne tire plus … le klaxon marche bien mais le moteur ne fonctionne plus … bon éteignons rallumons pour voir … toujours rien
- Heuuuu Christophe on a un petit souci …. ‘a pu moteur … 
- Comment ça ?!!!
- Ben j’appuie sur l’accélérateur et … rien
- Éteins et rallume pour voir … 
- Déjà fait … 
- Encore une fois… 
- Oki … 
Bon là c’est l’aura positive de Christophe qui a dû opérer, la titine repart et nous permet de passer la ligne d’arrivée avec les honneurs. 
Ylona a parcouru XX tours pendant 7 Heures de course ! Sans aucune panne (bon la dernière ça compte pas !)
Il est maintenant temps de rentrer au stand pour aider par les collègues des différentes équipes. 
Il faut faire vite, nous devons démonter le panneau solaire arrière et embarquer la voiture dans la remorque avant la cérémonie du podium. 
C’est chose faite en 2-3 coups de tournevis, nous faisons place nette et avons même le temps de faire une escale technique avant la cérémonie. 
Comme l’année dernière, les bottes de paille font un parfait podium et les équipes se voient remettre une sympathique plaque commémorative, Christophe aura un nouveau trophée à poser sur sa cheminée.
Et voilà ! La cérémonie se termine, c’est l’heure de saluer tout le monde avant de repartir pour une nouvelle année de préparatifs. 
En fait, c’est vraiment trop court comme fin, il manque le banquet Gaulois ! (Et les masseurs / masseuses). 
Encore merci aux organisateurs pour cette course parfaite : le circuit est sympa, la logistique impeccable (l’idée des chambres universitaires est géniale !), l’ambiance excellente et bonne enfant. C’est un vrai bonheur d’être sur ce circuit et de savourer l’instant (et le soleil aussi, ne nous le cachons pas, ça joue un peu quand même). 
Bref c’est une ambiance inimitable et on espère être là pour la prochaine !

Photos souvenir

 

Un classement honorable

Nos performances

1er RUN :

Durée :                                 2 heures 30

Moyenne horaire :               33,92 km/h

Puissance Consommée :       16.37 Ah

Puissance Produite :            12,04 Ah

Nombre de tours :               53

 

2ème  RUN :

Durée :                                 2 heures 30

Moyenne horaire :               32 km/h

Puissance Consommée :     16.03 Ah

Puissance Produite :           11,32 Ah

Nombre de tours :              50

 

3ème RUN :

Durée :                                 2 heures

Moyenne horaire :               32 km/h

Puissance Consommée :     12,63 Ah

Puissance Produite :           10,12 Ah

Nombre de tours :               40

 

Course complète :

Durée :                                7 heures

Moyenne horaire :               32,7 km/h

Puissance Consommée :      45,03 Ah

Puissance Produite :             33,48 Ah

Nombre de tours :               143

Puissance moyenne consommée: 290 Watts

 

 

 

 

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